• XXVII De tous les biens que la sagesse procure pour la félicité de la vie tout entière, de beaucoup le plus grand est la possession de l'amitié.
    XXVIII La même pensée qui nous fait avoir confiance que rien d'éternel, ni même rien de longue durée \ n'est à craindre, a reconnu aussi que, dans les choses mêmes dont les durées sont limitées, la sécurité qui est celle de l'amitié se réalise au plus haut degré.

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  • XI Si les conjectures inquiètes au sujet des phénomènes célestes ne nous tourmentaient en rien, et celles au sujet de la mort, qu'elle puisse être quelque chose ayant rapport à nous, et encore le fait de ne pas connaître les limites des douleurs et des désirs, nous n'aurions pas en plus besoin de la science de la nature.
     
    XVI La fortune a peu de prise sur le sage, car, les choses les plus grandes et les plus importantes, la raison calculante les a réglées, et, pendant toute la durée de la vie, les règle et les réglera.
     
    XXII II faut appliquer la réflexion à la fin qui est donnée, et à toute l'évidence à laquelle nous référons ce qui est opiné ; sinon tout sera plein de confusion et de désordre.
     
    XXIII Si tu combats toutes les sensations, tu n'auras pas non plus ce à quoi te référant, tu puisses discerner celles d'entre elles que tu dis être trompeuses.
     
    XXIV Si tu rejettes absolument une sensation quelconque et ne fais pas la distinction entre ce qui est opiné et qui attend confirmation, et ce qui est déjà présent comme donné dans la sensation, les affections et toute appréhension immédiate de la pensée, tu confondras même les autres sensations avec l'opinion vide, en sorte que tu subvertiras tout critère. Et si, dans les conceptions que forme l'opinion, tu assures avec la même fermeté tout ce qui attend, et ce qui n'attend pas, confirmation, tu ne laisseras pas de côté ce qui est erroné, parce que tu auras conservé entière l'incertitude dans tout jugement sur ce qui est conforme à la vérité ou ne l'est pas.
     
    XXV Si, en toute circonstance, tu ne rapportes pas chacune de tes actions à la fin de la nature, mais que tu t'en détournes, en réglant ou ta fuite ou ta poursuite sur autre chose, tes actes ne seront pas cohérents avec tes discours.
     
    XXVIII La même pensée qui nous fait avoir confiance que rien d'éternel, ni même rien de longue durée \ n'est à craindre, a reconnu aussi que, dans les choses mêmes dont les durées sont limitées, la sécurité qui est celle de l'amitié se réalise au plus haut degré.

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  • XVII Le juste est le plus exempt de désordre, l'injuste est rempli du plus grand désordre.
     
    XXXI Le droit de la nature est le moyen de reconnaître ce qui est utile pour ne pas se faire du tort les uns aux autres et ne pas en subir.
     
    XXXII Pour tous ceux des êtres vivants qui n'ont pas pu passer de contrat sur le point de ne pas faire de tort mais de n'en pas subir non plus, à l'égard de ceux-là, rien n'est juste ni injuste ; de la même façon aussi à l'égard des peuples qui n'ont pas pu ou n'ont pas voulu passer de contrat sur le point de ne pas faire de tort ni d'en subir.
     
    XXXIII La justice n'est pas un quelque chose en soi, mais, quand les hommes se rassemblent, en des lieux, peu importe, chaque fois, lesquels et leur grandeur, un certain contrat sur le point de ne pas faire de tort ou de ne pas en subir.
     
    XXXIV L'action injuste n'est pas un mal en elle-même, mais dans la crainte qui vient de ce qu'on doute si elle échappera à ceux qui se tiennent en punisseurs de telles actions.
     
    XXXV II n'est pas possible à celui qui commet clandestinement quelque chose de ce que les hommes ont convenu entre eux de ne pas commettre pour ne pas faire de tort ni en subir, d'être sûr qu'il ne sera pas découvert, même si, dans le présent, il y échappe dix mille fois, car, jusqu'à sa mort, l'incertain est s'il continuera à n'être pas découvert.
     
    XXXVI Selon ce qui est commun, le juste est le même pour tous, car il est quelque chose d'utile dans la vie en commun des hommes entre eux ; mais selon la particularité du pays et de toutes les autres conditions, quelles qu'elles soient, alors une même chose n'est pas juste pour tous.
     
    XXXVII Parmi les choses que les lois prescrivent comme justes, a le caractère du juste ce dont l'utilité se confirme dans la pratique de la vie en commun, que ce soit la même chose pour tous les hommes, ou non. Si quelqu'un établit une loi sans aller dans le sens de ce qui est utile à la communauté des hommes dans leurs rapports réciproques, cette loi-là n'a point la nature du juste. Et même si l'utile conforme au juste vient à changer, mais, pendant un certain temps, reste en accord avec la prénotion du juste, il n'est en rien moins juste pendant ce temps-là pour ceux qui ne se troublent pas eux-mêmes par des mots vides mais regardent les réalités.
     
    XXXVIII Là où, sans que soient survenues des réalités extérieures nouvelles, les choses établies comme justes par les lois sont apparues, dans la pratique, ne pas correspondre à la prénotion du juste, ces choses-là n'étaient pas justes. Mais là où, des réalités nouvelles étant survenues, les mêmes choses établies comme justes n'étaient plus utiles, dans ce cas, elles étaient justes alors, quand elles étaient utiles pour la vie en commun des citoyens, mais, plus tard, elles n'étaient plus justes quand elles n'étaient plus utiles.

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  • VI Pour s'assurer la sécurité du, côté des hommes, le bien du pouvoir et de la royauté est un bien selon la nature, pour autant qu'à partir d'eux on puisse se la procurer.
     
    VII Certains ont voulu avoir renom et considération, pensant se procurer ainsi la sécurité du côté des hommes ; si, de la sorte, leur vie se passe dans la sécurité, ils ont obtenu le bien selon la nature, mais s'ils ne vivent pas dans la sécurité, ils n'ont pas ce à quoi ils ont tendu à l'origine, en suivant le propre de la nature.

    XII II n'est pas possible de dissiper la crainte au sujet des choses les plus importantes sans savoir quelle est la nature du tout, mais en vivant dans une incertitude anxieuse de ce que disent les mythes ; de sorte qu'il n'est pas possible, sans la science de la nature, d'avoir des plaisirs purs.

    XIII II n'est d'aucune utilité de se procurer la sécurité vis-à-vis des hommes, si on laisse subsister les doutes angoissants au sujet des choses d'en haut, de celles qui sont sous la terre, et, en général, des choses qui sont dans l'infini.
     
    XIV Si la sécurité du côté des hommes existe jusqu'à un certain point grâce à la puissance solidement assise et à la richesse, la sécurité la plus pure naît de la vie tranquille et à l'écart de la foule.
     
    XXXIX Celui qui a le mieux contrôlé les éléments de trouble qui viennent du dehors, celui-là s'est fait un allié de ce qui peut l'être, et ce qui ne peut l'être, au moins il ne se l'est pas aliéné ; quant à tout ce vis-à-vis de quoi il n'a pas même eu un tel pouvoir, il a cessé d'avoir des relations avec, et il a écarté de sa vie tout ce qu'il lui était avantageux de traiter ainsi.
     
    XL Tous ceux qui ont eu la possibilité de se procurer, grâce à ceux qui les entourent, le sentiment de complète sécurité, ont vécu ainsi les uns avec les autres avec le plus de plaisir, possédant la garantie la plus solide, et, après avoir eu en partage l'amitié dans sa plénitude, ils n'ont pas gémi, comme si son sort était digne de pitié, sur la mort de celui qui avait, avant eux, fini sa vie.

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  • XV La richesse selon la nature est bornée et facile à se procurer ; mais celle des opinions vides tombe dans l'illimité.
     
    XXI Celui qui connaît les limites de la vie sait qu'il est facile de se procurer ce qui supprime la douleur due au besoin et ce qui rend la vie tout entière parfaite ; de sorte qu'il n'a en rien besoin, en outre, des choses qui comportent la lutte (agôn).
     
    XXVI Parmi les désirs, tous ceux dont la non-satisfaction n'amène pas la douleur ne sont point nécessaires, mais ils ont un appétit qu'il est aisé de dissiper, lorsque la chose désirée est difficile à se procurer ou qu'ils paraissent capables de causer un dommage.
     
    XXIX Des désirs, les uns sont naturels et < nécessaires, d'autres naturels et > non nécessaires, d'autres ne sont ni naturels ni nécessaires mais naissent de l'opinion vide.
     
    XXX Parmi les désirs naturels, mais qui n'amènent pas la douleur s'ils ne sont pas satisfaits, ceux où la tension est forte naissent en raison de l'opinion vide, et ce n'est pas par un effet de leur propre nature qu'ils ne se dissipent pas, mais par suite de la vide opinion de l'homme.

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